Le centre hospitalier d'Alès s'est structuré pour proposer une prise en charge complète et assez poussée des personnes atteintes d'obésité qui doivent recourir à une chirurgie bariatrique. Une équipe pluridisciplinaire intervient dans le parcours préopératoire d'un minimum de six mois qui inclut aussi un suivi psycho-social et diététique avant après.
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Le Gard, est en France, le cinquième département en pourcentage d'obésité. La ville d'Alès a elle seule, recense pas moins de 7000 personnes touchées.
L'hôpital périphérique local - 300 lits - ouvert il y a douze ans a créé tout un parcours avec une équipe dédiée. Elle accompagne en particulier des patients qui ont tenté plusieurs fois de perdre du poids et pour lesquels l'intervention chirurgicale est la dernière option. « Une collaboration a pu s'installer entre médecins, diététiciens et psychologues », résume le docteur Nicolay Toporov.
Ce chirurgien viscéral et digestif, qui a eu l'initiative de cette prise en charge en 2019, a dû « casser les murs » de l'hôpital. « Ca n'a pas été évident à mettre en place », confirme-t-il.
Parcours de soin dédié, à l'hôpital
Les patients concernés répondent tous aux critères déterminés par la Haute autorité de santé (HAS). « L'Indice de masse corporelle (IMC) doit être supérieur à 40 ou entre 35 et 40 si est associée une comorbidité », précise ce chirurgien.
Ces patients, du bassin d'Alès mais aussi de Bagnols-sur-Cèze ou d'Ardèche, sont vus dans un premier temps par le chirurgien avant d'entrer dans un parcours de soin et de préparation entièrement dédié. Tout se passe sur place, à l'hôpital. Avec pour deuxième étape, un bilan d'opérabilité qui s'appuie sur divers examens - cardiologique, pneumologique, gynécologique, fibroscopie gastrique, examen endocrinien, etc.
« Le suivi proposé dure au minimum six mois, les patients doivent s'y engager », rappelle le docteur Elizabeth Aguilar, deuxième chirurgien viscéral du service, en poste depuis deux ans. « A la suite de quoi une réunion pluridisciplinaire permet de déterminer les indications et le type d'opération à proposer. »
À savoir l'anneau gastrique, qui n'est pas proposé ici en première intention mais peut être changé, la gastrectomie (Sleeve gastrique) ou un court-circuit de l'estomac (by-pass gastrique), tous visant à réduire l'estomac pour que les patients mangent moins.
Semaine d'ETP pour tous
En même temps qu'ils font leurs bilans, ces derniers se voient proposer une semaine d'éducation thérapeutique du patient (ETP) en hôpital de jour. Les ateliers abordent, entre autres, le type de chirurgie et les complications possibles mais aussi l'estime de soi, les activités sportives adaptées et aussi, en particulier, l'alimentation.
Les infirmières du service qui participent à l'ETP, sont régulièrement formées en interne sur l'obésité et le diabète, sur les prises en charge ou sur la surveillance post-opératoire immédiate du patient ou encore sur les soins de peau (cicatrisation, vergetures, tombée de peau et mycoses ). « Tout est protocolisé », rappelle le docteur Toporov. Y sont intégrés une évaluation psychiatrique, un suivi psychosocial et un accompagnement diététique poussé.
Les diététiciens ont, ainsi, toute leur place dans le dispositif, deux se partageant le rôle au sein du service endocrinologie. Outre un suivi d'un minimum deux ou trois consultations dans les six mois qui précèdent l'opération, ils se chargent eux mêmes d'ateliers d'ETP. Les cas de figure diffèrent en fonction des patients : manque de vitamines, nécessité de suivre de près ceux qui ont maigri trop vite pour éviter une reprise de poids...
Et surtout, puisqu'il va falloir manger différemment, comment préparer les aliments, les façonner. « Nous travaillons sur l'équilibre des repas, les troubles du comportement alimentaire, les sensations alimentaires ou encore l'alimentation en pleine conscience », indique Andy Abitabil, diététicien.
Un atelier complet est dédié, par ailleurs, à l'alimentation après chirurgie et aux bonnes pratiques. Les diététiciens font un travail conjoint avec un psychologue sur tout ce qui peut être corrigé avant l'opération. « Une fois opérées ces personnes ne mangent plus comme avant, on les accompagne notamment pour qu'ils ne craquent pas et ne reprennent pas du poids ! », indique le docteur Elizabeth Aguilar.
Et pour la pratique, des ateliers cuisine leur enseignent à préparer des repas complets avec des plats mixés. « Le mixeur peut sembler surprenant pour certains », constate le diététicien. On y parle aussi d'émotions et d'alimentation avec un psychologue. « Cette semaine d'ETP, qui n'est pas obligatoire, est assez peu commune », précise Andy Abitabil.
Effet de groupe
Les patients y participent en groupe. « L'effet est assez bénéfique, on ne les lâche pas dans la nature », ajoute-t-il. Le suivi après l'opération est lui même très régulier, et important. Tous les mois, la première année puis tous les trois mois la deuxième, et une fois par mois, ensuite. Le suivi psychologique voire psychiatrique est tout aussi essentiel. « Ce type d'intervention déclenche énormément de choses qui peuvent chambouler au niveau émotionnel », résume le docteur Aguilar. Passer, à 30 ans, de 110 kg à 55 pour 1,60 m, en 18 mois, peut notamment allier métamorphose physique et changement de vie.
Dans cet hôpital, 44 patients ont été suivi en file active en 2022 (70 de juin 2022 à juin 2023). 90 % respectent le suivi. « On voudrait augmenter encore ces prises en charge », évoque le docteur Toporov. Depuis décembre 2022, la loi impose au moins 50 actes annuels par site pour avoir l'autorisation de pratiquer des chirurgies bariatriques. Les décrets relatifs entraient en vigueur en juin dernier.
Myriem Lahidely